Il existe deux manuscrits de ce poème. Un premier, intitulé « Première soirée », a été confié à Paul Demeny en octobre 1870, et un deuxième, intitulé « Comédie en trois baisers », a été remis à Georges Izambard la même année. Une troisième version, dont le manuscrit n’a pas été conservé, intitulée « Trois baisers » a été publiée dans l’hebdomadaire satirique anti-bonapartiste « La Charge », le 13 août 1870
« – Elle était fort déshabillée1
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement2, tout près, tout près.Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins.– Je regardai, couleur de cire,
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, – mouche au rosier.– Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s’égrenait en claires trilles3,
Un joli rire de cristalLes petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! »
– La première audace permise,
Le rire feignait de punir !– Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
– Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : « Oh ! c’est encor4 mieux !...« Monsieur, j’ai deux mots à te dire..... »
– Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien.....– Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.Manuscrit autographe intitulé « Première soirée », remis à Paul Demeny en octobre 1870.
– Elle était fort déshabillée,
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près...Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains :
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins...– Je regardai, couleur de cire,
Un petit rayon buissonnier
Papillonner, comme un sourire
Et sur son sein, – mouche au rosier...– Je baisai ses fines chevilles...
– Elle eut un long sourire très mal
Qui s’égrenait en claires trilles,
– Une risure de cristalLes petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent... « Veux-tu finir ! »
– La première audace permise,
Le rire feignait de punir !...– Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
– Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : « Ô ! C’est encor mieux !...– « Monsieur,... j’ai deux mots à te dire..... »
– Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, – qui la fit rire
D’un bon rire qui voulait bien.....– Elle était fort déshabillée
Ce soir... – les arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée,
Malinement, tout près, tout près.Manuscrit autographe intitulé « Comédie en trois baisers », remis à Georges Izambard en 1870.
Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Malignement, tout près, tout près.Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains,
Sur le plancher frissonnaient d’aise
Ses petits pieds si fins, si fins !Je regardai, couleur de cire
Un petit rayon buissonnier
Papillonner comme un sourire
A son sein blanc, – mouche au rosier !– Je baisai ses fines chevilles...
Elle eut un doux rire brutal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal...Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux-tu finir ! »
– La première audace permise,
Elle feignait de me punir !– Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux.
Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : « Ah ! c’est encor mieux ! »– « Monsieur... j’ai deux mots à te dire..... »
Je lui jetai le reste au sein,
Dans un baiser. – Elle eut un rire,
Un bon rire qui voulait bien.....– Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Malignement, tout près, tout près.Arthur Rimbaud. « La Charge », 13 août 1870.