« Sensation » existe en trois versions, dont deux autographes reproduites ci-dessous. Ce poème a été publié pour la première fois dans La Revue indépendante, numéros 27-28, janvier-février 1889 avec quelques différences probablement dues à une mauvaise lecture du manuscrit. La version du 20 avril 1870, qui ne porte pas de titre, a été incluse dans une lettre d’Arthur Rimbaud à Théodore de Banville, envoyée de Charleville le 24 mai 1870. La seconde, intitulée « Sensation », fait partie des poèmes confiés à Paul Demeny en octobre 1870 et qu’Arthur Rimbaud lui a demandé de brûler dans sa lettre du 10 juin 1871.
Par les beaux soirs d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue...Je ne parlerai pas, je ne penserai rien...
Mais un amour immense entrera dans mon âme :
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme !20 avril 1870
Manuscrit autographe extrait de la lettre à Théodore de Banville du 24 mai 1870.
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,1
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par2 la Nature, – heureux comme avec une femme.Mars 1870
Manuscrit autographe recopié et confié à Paul Demeny en octobre 1870.